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Le Triangle Dramatique

7 Septembre 2014 , Rédigé par Pasteur Christophe Deville Publié dans #Société, #Spiritualité

Qu'est-ce qu'on appelle "Triangle Dramatique" ? Comment le détecter dans nos relations de couple, dans l'Église, ou au travail ? Mais plus encore : Comment s'en sortir ?

Victor Scholecher a écrit : « Les victimes d'hier sont les bourreaux de demain ».  Parmi les jeux de pouvoir les plus présents en entreprise, dans les familles ou à l'Église, le plus courant est ce qu'on appelle le triangle dramatique. Le triangle dramatique à été présenté en 1968 par le Docteur Stephen Karpman (psychologue américain spécialisé en analyse transactionnelle). Il consiste en un mode de fonctionnement relationnel préjudiciable pour chaque personne impliquée et pour l’entourage. La plupart d’entre nous tombons encore régulièrement dans le panneau, par manque de vigilance, tant dans notre vie professionnelle que personnelle. À chaque fois, on en sort épuisé et meurtri. L’objet de cet article est d’analyser la problématique du triangle dramatique dans le contexte de l’entreprise et notamment de répondre à trois questions-clés : Comment le détecter ? Comment l’éviter ? Comment s’en sortir ?

I. QU'EST-CE QUE LE TRIANGLE DRAMATIQUE ?

Triangle Dramatique

Triangle Dramatique

Le triangle dramatique illustre schématiquement un jeu de pouvoir impliquant trois rôles différents mais intimement liés :

- Un Persécuteur (ou Bourreau) : il s’agit du rôle de l’agresseur, de l’attaquant. Le persécuteur peut être une personne, un événement, une situation donnée.

- Une Victime : il s’agit du rôle de la personne qui subit l’agression du persécuteur. 

- Un Sauveur : il s’agit du rôle du protecteur, du chevalier blanc.

Les trois rôles n'impliquent pas forcément trois intervenants. Généralement, il peut se dérouler entre deux personnes, qui passent par des phases successivent, une d’entre elles passant alors d’un rôle à l’autre. En fonction des circonstances et de notre état d’esprit du moment, nous jouons consciemment ou inconsciemment un de ces trois rôles. Par exemple, face à une victime, nous endosserons instinctivement le rôle du sauveur (ou parfois du persécuteur). AInsi, ce cercle débute car après avoir voulu secourir dans un premier temps un collègue ou un frère geignard, nous nous impatientons face à son auto-apitoiement et devenons nous-même persécuteur. Voilà ainsi comment s'est installé ce fameux triangle. À présent que nous avons identifié ce mécanisme, nous allons voir comment pouvoir le détecter afin de pouvoir désactiver ce processus dommageable.

II. Comment le détecter ?

Tout jeu de pouvoir génère un malaise. Un moyen simple pour détecter rapidement lorsqu’un jeu de pouvoir de type triangulaire dramatique se met en place est d’évaluer l’équilibre dans la relation : « Cette interaction est-elle à parité ou me sens-je supérieur ou inférieur à mon ou mes interlocuteurs » ? Si la réponse est du genre « Je suis OK mais vous n’êtes pas OK », il y a fort à parier que vous endossiez le rôle de persécuteur ou dans une certaine mesure de sauveur. Si la réponse est « Je ne suis pas OK mais vous êtes OK », vous vous comportez vraisemblablement en victime. Dès qu’un protagoniste de la relation se sent inférieur ou supérieur à l’autre, il conviendra d’être vigilant.

III. Comment l’éviter ?

Le meilleur moyen d’éviter d’être pris dans un triangle dramatique est de veiller à ne pas soi-même endosser spontanément un des trois rôles. Si je me sais enclin à chercher la sympathie ou le soutien des autres, je serai particulièrement attentif à ne pas me poser en victime pour faire en sorte que les autres règlent mes problèmes. Si je suis de nature colérique, autoritaire ou directive, je serai vigilant à ne pas agresser verbalement mon entourage même si je juge qu’il fait mal son boulot. Et finalement, si je suis du genre à vouloir aider les autres, je vérifierai si les quatre conditions suivantes sont remplies :

1 - M’a-t-on explicitement demandé mon aide ?

2 - Ai-je l’envie, les compétences et les moyens pour intervenir ?

3 - Le demandeur est-il prêt à se prendre en charge lui-même ou va-t-il me refiler son fardeau ?

4 - Quels sont les critères qui me permettront de juger quand ma mission d’aide est accomplie ?

IV. Comment s’en sortir ?

Lorsque vous estimez être pris dans une situation de triangle dramatique, et ce quelque soit le rôle que vous y jouiez, vous avez la capacité de vous en sortir. Le moyen le plus radical est la fuite. Quoique nécessaire dans certaines situations, cette attitude risque de ne pas résoudre le problème qui se répétera à l’envi.  

Voici une technique en cinq étapes pour non seulement vous dégager personnellement d’une telle situation inconfortable mais aussi pour la désamorcer efficacement, pour le bien de tous. Cette technique part du postulat que les trois protagonistes sont si étroitement reliés entre eux que le changement de comportement d’un d’entre eux aura un impact sur les autres.

Étape 1 : Tout d’abord, il convient de ressentir le déplaisir croissant suscité par le jeu de pouvoir en action. La prise de conscience de ce malaise va nous pousser à réagir et à provoquer un changement, quitte à devoir traverser un moment d’inconfort.

Étape 2 : Avant de réagir, il est utile de prendre du recul par rapport à la situation et d’identifier le rôle présent de chacun, y compris de nous-même.

Étape 3 : Nous établissons mentalement une stratégie d’intervention selon nos aptitudes, notre humeur du moment, les autres protagonistes et la situation en jeu : humour, expression de notre ressenti à propos de la situation, recherche d’intentions positives derrière les comportements, symbolisation des interactions en cours, usage de métaphores, etc.

Étape 4 : Nous exprimons clairement notre analyse de la situation, non plus en nous acharnant sur le contenu mais en communiquant sur l’interaction elle-même. Un moyen efficace pour recevoir l’assentiment des autres protagonistes vis-à-vis de cette démarche, est d’énoncer des faits incontestables relatifs à l’interaction, non pas pour juger mais pour dépassionner le débat et rétablir une communication « impartiale ». Nous insistons ensuite sur les points d’accord et remercions chaque protagoniste pour sa contribution à restaurer un climat de relation équilibrée.

Étape 5 : Finalement, nous vérifions que chacun se sente confortable avec les points d’accord tout en essayant de les élargir le plus possible et de mettre en place un nouveau « modus operandi » entre les protagonistes.

Conclusion

Si l’on n’y prend garde, beaucoup d’interactions dans les rapports personnels, au travail ou à l'Église sont sujettes à des jeux de pouvoir de ce type triangle. Pour notre propre confort et celui de notre entourage, il convient d’être vigilant par rapport à notre mode d’interaction favori afin de ne pas engendrer de telles situations. Si nous nous surprenons à être pris dans un triangle dramatique, le meilleur moyen de s’en sortir est d’inviter de façon bienveillante les différents acteurs à analyser le mode de fonctionnement de la relation plutôt que de continuer à discuter du contenu. Cette technique permet à chacun de prendre du recul par rapport à son comportement et de restaurer ainsi une relation équilibrée.

 

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