L'intelligence existentielle au moyen-âge
L'intelligence existentielle au moyen-âge
Notre descente s’accélère et nous jetons un regard au moyen-âge français pour parler de dualisme. René Nelli aborde la philosophie du catharisme[1]. Il désire dans son étude innover en présentant la philosophie du catharisme dans sa forme de dualisme absolu. Beaucoup de recherches ont été publiées en ce qui concerne le catharisme en tant que religion ou morale. Cependant, elles omettent qu'une véritable philosophie élaborée existait au sein de ce mouvement. Une question s'impose : En quoi le Catharisme mitigé n'est pas si éloigné du Catholicisme quant à sa philosophie ? Et alors ; c'est là l'intérêt de se pencher sur cette partie de l'histoire. Comment se fait t-il que ce groupe minoritaire ait été tellement persécuté, exclu de la société, exterminé, alors que le désir des ces bogomiles, ces gens du voyages, était une répartition de leur richesse pour venir en aide à ceux qui souffrent de l’exclusion ? Les historiens s'accordent pour dire que bien avant les persécutions des XVI et XVIIème siècles, l'une des raisons pour laquelle le sud de l'Europe a perdu de son élan et son rayonnement est la persécution contre ces marchands, ces tisserands, aux concepts et pratiques étranges.
Notre descente s’accélère et nous jetons un regard au moyen-âge français pour parler de dualisme. René Nelli aborde la philosophie du catharisme[1]. Il désire dans son étude innover en présentant la philosophie du catharisme dans sa forme de dualisme absolu. Beaucoup de recherches ont été publiées en ce qui concerne le catharisme en tant que religion ou morale. Cependant, elles omettent qu'une véritable philosophie élaborée existait au sein de ce mouvement. Une question s'impose : En quoi le Catharisme mitigé n'est pas si éloigné du Catholicisme quant à sa philosophie ? Et alors ; c'est là l'intérêt de se pencher sur cette partie de l'histoire. Comment se fait t-il que ce groupe minoritaire ait été tellement persécuté, exclu de la société, exterminé, alors que le désir des ces bogomiles, ces gens du voyages, était une répartition de leur richesse pour venir en aide à ceux qui souffrent de l’exclusion ? Les historiens s'accordent pour dire que bien avant les persécutions des XVI et XVIIème siècles, l'une des raisons pour laquelle le sud de l'Europe a perdu de son élan et son rayonnement est la persécution contre ces marchands, ces tisserands, aux concepts et pratiques étranges.
Nous rejoignons, dans ce contre point historique l’interrogation d’Howard Gardner sur le « Good-Work » lorsqu’il pose comme question : « Comment se fait-il que certains
individus qui désirent effectuer un travail de qualité (il s’agit de prendre en compte autant l’excellence que l’aspect des responsabilités sociales) réussissent là où d’autres échouent. Dans un
contexte où les forces du marché et la recherche des bénéfices sont toujours plus grands, quelles sont les contre-forces capables d’influer notre société hypermoderne mondialisée ».
Nous observons les faits et l’histoire avec un regard et une attention particulière. La raison est que nous sommes en présence d’un groupe minoritaire, communautariste qui dans sa sphère
d’influence a très bien réussi son plan d’insertion et une cohésion à l’échelle européenne, et ceci au XIIIème siècle ! Ce groupe minoritaire a pu s’élever intellectuellement et
économiquement[2] grâce à l’utilisation de cette intelligence existentielle par laquelle chacun, au niveau individuel était en mesure de se questionner
sur le sens et l’origine des choses.
La croisade des Albigeois.
A la fin du XIIème siècle, l'Église résolut d'exterminer l'hérésie par la force. La lutte armée fut reconnue comme une croisade avec tous les avantages matériels et spirituels qui en
découlent. Encadrés par des légats pontificaux, les petits seigneurs, venus surtout du nord de la France surpeuplée, se ruèrent à l'assaut des riches villes du Languedoc. Il y eut des
atrocités[3]. Il fallut finalement l'intervention des rois de France pour venir à bout de la résistance des Albigeois. Le midi de la France se soumettait à l'ordre Capétien
venu du nord. Cependant la croisade n'avait pas mis fin à l'hérésie. Pour combattre l'hérésie, l'Église eut alors recours à un organisme ecclésiastique qu'elle avait créé au cours de la croisade,
le tribunal de l'inquisition, qui recherchait et jugeait les hérésies suivant des procédures d'exception. Quand les accusés étaient convaincus d'hérésie et refusaient d'abjurer, l'Église les
abandonnait au bras séculier, c'est-à-dire aux autorités laïques qui étaient tenues de les châtier par le feu. Ainsi l'Inquisition multiplia les bûchers. Créer une instance représentative d'un
mouvement au sein de l'Etat afin de contrôler d'éventuelles dérives n'est donc pas une innovation du XXIème siècle. C’est ainsi que cette forme d’utilisation de l’intelligence
existentielle a pu être combattue à cette époque.
Les ordres mendiants.
Il était urgent pour l'Église d'intégrer le très puissant mouvement en faveur de la pauvreté, tout en favorisant des formes religieuses plus accessibles aux humbles. de plus, les nouveaux ordres
n'avaient pu enrayer l'hérésie. Saint Bernard lui-même était venu prêcher en vain contre le catharisme à Albi en 1145. Dans les premières années du XIIIème siècle, deux hommes
voulurent réagir à l'intérieur de l'Église, contre l'impuissance des anciens ordres. Saint Dominique par la prédication et François d'Assise par le pratique de la pauvreté absolue. Ils furent les
fondateurs des deux principaux ordres mendiants[4]. Dominique de Guzman, né en 1170 d'une
famille de petite noblesse de Castille, est un prêtre, chanoine d'Osman. Traversant avec son évêque le Languedoc en 1203, il constata l'extension prise par l'hérésie albigeoise que les
cisterciens sont impuissants à enrayer. Il comprend que la force est inutile et décide de les convaincre par la vertu de l'exemple, en se faisant pauvre et par la force de la Parole : en se
faisant prédicateur itinérant. François, quant à lui est fils d'un marchand d'Assise en Italie centrale. C'est un laïc. A 23 ans, en 1205, il ressent un appel à renoncer à la richesse et à la vie
facile qu'il menait. Dès lors, seul, puis avec quelques compagnons, il va, prêchant, mendiant son pain et soignant les malades. Ainsi pour François la pauvreté est un but en soi alors que
Dominique n'y voit qu'un moyen de forcer l'estime des hérétiques. La papauté s'inquiète, d'ailleurs bientôt des allures nouvelles de ces hommes qu'elle craignait de voir tomber comme tant
d'autres hors de l'Église. Aussi les papes Innocent II et Honorius III se décidèrent finalement à adopter la règle des deux communautés. Cela n'apporta pas satisfaction à François qui aurait
voulu conserver à son groupe le caractère d'une communauté laïque, sans vœu, ni règle. Cette absence d'organisation le rapprochait des sectes hérétiques. Il finit pas se soumettre, mais quitta
Assise, et finira sa vie à l'écart du monde, fidèle à son idéal de pauvreté absolue. Sa mort, en 1226, va entraîner des divisions au sein de l'ordre. Une partie des franciscains se sépara au
début du XIIIème siècle de l'Église romaine, annonçant l'avènement d'une Église purifiée. Ce furent les « Spirituels » qui se multiplièrent au Languedoc et en Italie
Centrale. Pourchassés par l'Inquisition, ils continuèrent au XIVème siècle la résistance sous le nom de « Fratricelles ».
[1] René Nelli, « Le dualisme radical au XIIIème siècle », Éditions: Éditions Payot, Paris 1988, 19751
(Collection : Bibliothèque philosophique Payot). 199 pp.
[2] Les spécialistes attribuent aux cathares une vulgarisation des textes religieux, la mise en place de structures de formation intellectuelle et un réseau
économique d’entraide.
[3] le sac de Béziers en 1209.
[4] Les frères prêcheurs ou Dominicains, et les frères mineurs, ou Franciscains.
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