De la liberté religieuse...
Georges Fenech : Des comités de salut public à la Miviludes
(tiré du CALP)
Le rapport « Justice face aux dérives sectaires »,de
Georges Fenech nouveau président de la Miviludes, permet de cerner les nouvelles orientations de la Miviludes. M. Fenech tend à faire de la Miviludes un instrument qui mélange l’exécutif, le
législatif et la justice. Il demande dans son rapport :
- La formation du personnel judiciaire : Celle-ci étant assurée par des acteurs de la lutte « anti-sectes », c’est l’indépendance de la justice qui est remise en cause. M. Fenech
va même plus loin : selon lui, être membre d’un nouveau mouvement religieux ne serait pas le fait du libre arbitre de la personne, aussi préconise-t-il que les juges des tutelles puissent
internés les « adeptes consentants ».
- Un cadre législatif pour la Miviludes : ainsi cette institution, placée sous l’autorité du Premier ministre aidé du lobby « anti-sectes », deviendrait permanente, devenant,
ainsi, une commission de « salut public » comme la terreur avait instituée les comités de salut public et les tribunaux révolutionnaires. La Miviludes agit comme une entité partisane qui ne tient
aucun compte des avis des universitaires et des exemples européens comme Inform en Grande-Bretagne. La France avec la Miviludes s’enferme dans une logique de stigmatisation des mouvements et de
mécanisation de la justice.
La rapporteuse de l’ONU Asma Jahangir avait, il y a deux ans, condamné cette politique, écrivant dans son rapport : « La Rapporteuse spéciale forme l’espoir que les futures
initiatives de la MIVILUDES seront conformes au droit à la liberté de religion ou de conviction et qu’elles éviteront les erreurs du passé. Elle continuera de suivre de près les différentes
actions qui sont entreprises par la Mission interministérielle. » Une fois de plus, la France, avec la nomination de M. Fenech, montre que la notion de droit de l’homme est à « géométrie variable
» car avec la réalisation de ce programme nous ne serons plus égaux devant la loi selon que nous appartenons ou non à un mouvement qui « dérange » la Miviludes et les lobby « anti-sectes ». Ainsi
le paroissien d’un mouvement reconnu dans un pays voisin devient en France un « adepte consentant » qu’ilfaut mettre sous tutelle.
BREF COMMENTAIRE SUR LE RAPPORT FENECH DU 24/09/2008
Ce rapport, qui a été remis au Premier ministre le 24 septembre 2008, n’a été rendu public que fin octobre. Il est vrai que ce document risquait de faire « tâche » à
la veille de la Conférence de Varsovie portant sur l’état des libertés en Europe… Ce rapport est marqué du sceau de la continuité. Il comprend du « bon », du « moins bon » et de
l’incompréhensible.
LA CONTINUITE : les forces issues du passé La France est régulièrement ravagée par une vague de fond faite d’intolérance, de discrimination et de violence. Vague qui surgit et devient visible
lorsque les événements nationaux ou internationaux s’y prêtent. Ces forces, sans remonter à la nuit des temps, se sont manifestées à plusieurs reprises : la Terreur, la guerre de Vendée, la
Commune, l’affaire Dreyfus, la séparation des Églises et de l’Etat, Vichy, la colonisation et la décolonisation… et, aujourd’hui, les minorités spirituelles. Les cibles (ou plus exactement « le
gibier ») de ces forces changent parfois au cours des âges, mais l’inspiration idéologique reste constante et trouve régulièrement de nouveaux adeptes (« consentants » ?). Ainsi, en cette fin
octobre 2008, la dénonciation d’une équatorienne sans papier par un fonctionnaire municipal a rappelé la triste époque de Vichy où la délation et la dénonciation étaient pratiques courantes chez
certains individus. Il ne s’agit malheureusement pas d’un fait isolé. Elle semble lointaine l’époque où Charles Trenet chantait : « Douce France, oui berceau de mon enfance… » et Jean Ferrat
évoquait « Ma France »…
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