ADAM et stEVE
Dimanche 13 janvier 2013, plusieurs composantes de la société (politiques et religieuses) se sont données rendez-vous pour manifester contre le projet de loi du « Mariage pour tous », visant notamment à « autoriser » le mariage entre personnes du même sexe.
Ce rassemblement hétéroclite démontre que le projet fait débat, tant dans nos églises que dans notre société séculière. Les propos avancés par les uns et les autres nous poussent à préciser certains éléments afin de permettre une meilleure visibilité pour chacun en général, et pour le chrétien protestant évangélique en particulier. Concernant le mariage, Plusieurs éléments de base doivent être rappelés ici :
I. le caractère du mariage, selon la Bible.
En premier lieu, la Bible ne présente jamais le mariage comme un sacrement, ni même comme une cérémonie religieuse. Précisons aussi que même dans la théologie catholique, l’officiant de ce qui est appelé « sacrement du mariage », ce n’est pas le prêtre, mais les époux eux-mêmes. C’est à dire que ce n’est pas le Prêtre qui marie, (encore bien moins le Pasteur, pour les églises protestantes). Ce sont les époux eux-mêmes qui décident de s’engager sous le regard de Dieu, et des hommes. Au plus, la congrégation (voire le Pasteur) peut-elle invoquer la bénédiction de Dieu sur les époux qui le souhaitent. De même pour la société civile : Ce n’est pas le maire qui marie, mais bel et bien les époux qui s’unissent sous le regard du représentant de l’autorité civile. La notion de mariage doit donc être réétudiée. Nous avons beaucoup emprunté au catholicisme dans notre fonctionnement. Il est grand temps de retourner aux fondements du Seigneur. Il est des mariages civils qui n’en sont pas ; il est des unions de fait qui sont des mariages. En résumé : la décision de faire alliance revient à deux individus. Libre à la société ou à une communauté de reconnaître ou pas cette décision.
II. le caractère de l’homosexualité, selon la Bible.
La Bible affirme que l’homosexualité est une abomination (Genèse 19 : l’épisode de Sodome ; Lévitique chapitre 18:22 et 20:13 ; Romains 1:26-27). Elle dit aussi que les homosexuels n’entreront pas dans le Royaume (1 Cor. 6:10 : Ce verset mérite une explication, et doit être replacé dans son contexte global). Nous notons que Jésus, quant-à-lui, ne parle jamais de l’homosexualité. À l’origine, le livre de la Genèse (chapitres 1 et 2) structure la réalité du couple composé par un homme et une femme qui se rencontrent comme des vis-à-vis (Ezer), c’est à dire hétérosexuel dans la mesure ou ce couple est appelé à s’unir et se multiplier. Nous précisons cela car le terme d’Ezer (vis-à-vis ; soutien mutuel) est très fort dans la Bible. Il représente un concept théologique très important, surtout lorsqu’il est employé dans le rapport entre l’homme et Dieu (cf. Eben-Ezer). S’appuyant sur ces éléments, certains chrétiens vont affirmer que l’homosexualité est une maladie externe à l’individu : Dans ce sens, il faudrait soit soigner soit lapider les homosexuels, selon la Bible. Mais si on prenait ces textes de façon littérale, il faudrait aussi lapider les enfants rebelles (Deut. 21:18-21) !
À l’inverse, d’autres vont souligner le caractère hormonal, voire génétique et se défendre d’y être pour quelque chose : « je suis né comme cela, il faut m’accepter, je n’ai donc pas à me repentir de quoi que ce soit ».
III. Le caractère du mariage pour tous.
L’amour entre David et Jonathan est souvent pris en exemple par des croyants voulant vivre et défendre leur homosexualité (1 Samuel 20:17 et 2 Samuel 1:26). Le PACS a été une mesure prise pour permettre une certaine reconnaissance aux couples homosexuels. Bien entendu, elle ne pouvait être présentée exclusivement pour les homosexuels, sinon, elle aurait été discriminatoire. Elle a donc été présentée comme une mesure au bénéfice de tous. Le résultat a été différent de ce qui était escompté : 95% des unions l’on été faites par des couples hétérosexuels. 5% des PACS sont signés par des couples homosexuels. Dans ce prolongement, la grande majorité des couples homosexuels affirment ne pas forcement vouloir entrer dans une union de mariage. Dans ce sens, nous sommes invités à nous interroger sur le pourquoi de ce projet de loi !
IV Perspectives d’avenir.
1/ d’un point de vu sociétal : On est en droit de se demander s’il n’y a pas une volonté supérieure à vouloir diluer la notion même de mariage et à discréditer les défenseurs du vrai mariage, les étiquetant comme intolérants, ceci, dans le seul but de mieux asservir les consciences. Quand bien même le mariage à une valeur sociétale ; La reconnaissance du mariage n’aura plus la même valeur sociale. Le mariage n’a plus la même représentation qu’il avait il y a vingt ans.
2/ d’un point de vu spirituel : Nous devons affirmer l’amour inconditionnel et inaliénable de Dieu pour chacune de ses créatures, quel que soit son comportement et quelle que soit son orientation sexuelle. Si nous sommes de Dieu, il nous permettra d’accueillir et respecter sans jugement aucun notre prochain qu’il soit hétérosexuel ou homosexuel, avec tout l’amour et la bienveillance du Seigneur.
En conclusion, la dilution voulue de la notion de mariage par les instances politiques de notre pays devrait conduire les instances « religieuses » ou spirituelles à se repositionner en ce qui concerne l’union des couples et dans leurs pratiques ; ce qui va ajouter à la complexité de la problématique sociétale, au regard des possibles dérives (mariages coutumiers, unions forcées, couples cachés, etc.). Cette dilution de la notion de mariage pourrait être compensée. Une piste serait de déléguer tout en encadrant la possibilité à certains officiants « religieux » de reconnaître des couples sous un nouveau modèle d’union, dans la mesure où la plupart des instances religieuses sont en accord profond avec l’article 212 du code civil. Ainsi, le couple qui en ferait la demande pourrait avoir l’alternative de faire appel à un officier ministériel du culte pour faire reconnaître son union aux yeux tant de la société ou de l’église. Il va s’en dire que cela sous-entend une grande réformation de notre organisation, mais ouvrirait les portes d’une laïcité positive, prospective et participative, comme c’est le cas dans plusieurs pays anglo-saxons, au lieu d’une laïcité « interdictive », comme c’est le cas aujourd’hui.