Lien social et intégration
Lien social et intégration

La division sociale dans les sociétés traditionnelles et modernes
Une des idées fortes de Durkheim était que la division du travail social protège le lien social. Le rôle social des femmes est bien plus construit autour des liens
interpersonnels que le rôle social des hommes. Durkheim avait utilisé, à l'époque, les données dont il disposait. Aussi, si on élargit les constats de Durkheim, tous les éléments de rupture du
lien social constituent des facteurs aggravants : célibat, divorce ou chômage. La violence à l'égard de soi-même ou à l'égard des autres est donc le signe d'une déficience du lien social.
Rappelons qu’à partir des années 70, on voit l'émergence d'une société beaucoup plus individualiste, au sein de laquelle les liens de proximité se relâchent. On accède de moins en moins au
travail par des réseaux familiaux et de plus en plus au travers d'un diplôme, où la famille devient un cercle de coexistence moins permanent, où la compétition économique se fait plus aiguë, où
l'individu qui rencontre l’échec est de plus en plus livré à lui-même, même s'il est assisté financièrement. La culture se formalise à travers diverses productions du groupe parmi lesquelles, les
valeurs et leurs corollaires, les normes ; toutes deux issues d'un socle commun : les croyances collectives ou la représentation du monde. Elle permet en définitive d'orienter l'action, en lui
donnant un sens. Comment, chez Durkheim, la « division du travail social » peut-elle préserver le lien social ? Dans son ouvrage[1] Durkheim fait la distinction entre les
sociétés premières (traditionnelles) et les sociétés modernes (urbaines et industrielles). Pour lui, la division du travail est plus le ressort d’un phénomène social qu'économique. On aurait pu
s’attendre à ce que Durkheim conclut par le manque de solidarité apparente de nos sociétés modernes, face à la forte conscience collective des sociétés premières au sein desquelles les activités
sociales sont peu diversifiées. Cependant, il en vient à la conclusion inverse. En effet, cette conscience collective des sociétés traditionnelles produit des normes et détermine une culture
commune dans laquelle chaque membre est enfermé. Au contraire, dans une société industrielle, salariale, la multiplication des activités sociales (la division du travail social) engendre la
libération des individus qui ne subissent plus la pression du groupe. Cette montée de l’individualisme produit une liberté qui paradoxalement, engendre une interdépendance générant ce qu’il
appelle la « solidarité organique ». Ainsi, les sociétés modernes sont à présent en mesure d’édicter de nouvelles lois qui vont régir ces liens.
[1] Émile Durkheim, « De la division du travail social », Éd. PUF, Paris, 2007.
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