Se conformer ou se Réformer ?
« Ecclesia Reformata Semper Reformanda » !
Eglise Réformée, toujours à Réformer.
Un événement chrétien se présente comme l’un des plus significatifs en matière d’avancée citoyenne pour notre pays. Sans conteste
aucun, le 2ème congrès « chrétien et citoyen », centré sur
l’éthique, qui se tiendra du 23 au 24 mai prochain au Parlement Européen de Strasbourg,
présente un large panel d’intervenant plus intéressants les uns que les autres :
Claude BATY, Président de la Fédération Protestante de France,
Henri BLOCHER, Doyen honoraire de la Faculté de Vaux-sur-Seine,
Jean BAUBEROT, le « théoricien de la laïcité »,
Georgina DUFOIX, ancien ministre d’état,
Sébastien FATH, chercheur au CNRS,
Jean-Claude GIRONDIN, Sociologue,
Louis Schweitzer, professeur d’Ethique.
Nous pouvons donc nous interroger sur la demande de visibilité des évangéliques réclamée par l’état français et ceci, dans le cadre de la laïcité ! Ne trouvons-nous pas est surprenant que le
besoin de reconnaissance des évangéliques passe par un aveuglement de certains principes de séparation entre l’église et l’état ? Tout d’abord, on peut, par exemple se poser la question de la
pertinence des propos tenus par Dany Hameau, président de la FEF, sur la venue de Benny Hinn en France. En effet, sur le site de la Fédération Evangélique de France, Monsieur Dany Hameau n’hésite pas à tenir les propos suivants :
« Du respect pour la personne, oui, mais de la charité pour les idées, surtout quand elles sont erronées, jamais de la vie ! Les prophètes de l’Ancien Testament
comme Jésus Lui-même n’ont jamais « mâché leurs mots » ni usé de la langue de bois, dès lors qu’il fallait dénoncer et même censurer les faux prophètes et les faux docteurs. Par son enseignement
erroné et par ses pratiques contestables, Benny Hinn s’expose à la critique ».
Dans le même registre, la Fédération Evangélique se réjouit la l’avènement de l’ère du CNEF. Ainsi, vous aurez certainement remarqué que « Le Conseil National des Evangélique de France » présente une
appellation qui n’est pas sans rappeler le Conseil Français du Culte Musulman ou d’autres organismes représentatifs auprès de l’état français.
C’est à peine voilé que Monsieur Dany Hameau nous livre sa pensée sur ce sujet, lorsqu’il affirme que :
« Depuis plusieurs mois déjà, nous
réfléchissions au devenir de la FEF, à l'ère du CNEF. L'Alliance Évangélique Française ayant fait part début septembre de son désir de transférer ses prérogatives et ses missions au CNEF, la
réflexion se trouve ravivée et le monde évangélique est en pleine recomposition. Cela conduit tout naturellement à une salutaire réflexion de fond et à une redéfinition bienfaisante des différentes missions des acteurs du monde évangélique. Le CNEF étant en voie de devenir l’organe représentatif du culte évangélique, la question est de savoir quelles missions la FEF
doit-elle garder, quelles missions peut-elle transférer au CNEF et quels nouveaux services est-elle appelée à rendre à ses adhérents, en tant que famille spirituelle dont les contours (ligne
théologique, ecclésiale, éthique,...) ne sont nullement appelés à bouger ».
Vous comprenez bien que ce ne sont pas des termes que nous avons inventés mais qui se trouvent bel et bien sous la plume du président de la Fédération Evangélique de France : «
Recomposition », « Salutaire », « Bienfaisante », « Organe Représentatif »… Ces changements sont présentés avec tellement de
positivisme, or, je m’étonne qu’il n’y ait personne pour en souligner les dangers apparents ! Se Conformer ou se Réformer ? Pire ! Se
Conformer ou…Disparaitre ! Je crains fort que cette prise de direction va consister à livrer certaines églises à la marginalité et a de véritables drames sociétaux. La France et l’Eglise n’a pas
besoin de cela ! Pour moi, c’est théologiquement et humainement inacceptable. L’église Réformée est invitée à constamment être réformée et non se conformer. Cet article est donc un appel ouvert à
la considération que nous pouvons porter à autrui dans la différence qu’il présente. Mon désir est que chacun aura saisi le danger que cela représente que de vouloir saisir « d’où vient le vent,
et là où il va ».
Si l’Eternel ne bâti la maison, ceux qui bâtissent le
font en vain.L’invitation du prophète Jérémie reste d’actualité lorsqu’il proclame (chapitre 4, verset 3) « Défrichez-vous un champ nouveau,
et ne semez pas parmi les épines ». Or, il me semble que la situation générale des églises évangéliques peut être décrite par cette déclaration de Jérémie.
Au premier degré, les églises évangéliques pourraient se réjouir qu’on parle d’elles. Elles pourraient ainsi se féliciter d’être « enfin » reconnues comme utiles à la société. C’est en quelque
sorte une forme de victoire...
Mais très vite, elles risquent de déchanter en considérant les termes de l’alliance qui les lie à ce désir de visibilité. Tandis que certaines églises « marginales et/ou ethniques »,
quant à elles, seraient prêtes à tout pour être reconnues, elles se sont déjà soumises à l’idée de faire abstraction des valeurs et idées qu’elles défendaient. En conclusion, j’invite donc toutes
celles et ceux qui écoutent l’actualité dans ce domaine à être particulièrement vigilant et a mener une réflexion pertinente en la matière.
Pasteur Christophe Deville