Claude Levi Strauss est mort
Il y a presqu'un an, nous avons fêté ensemble le centenaire de Claude Levi-Strauss. Son décès nous pousse à reprendre notre article sur ce précurseur de l'éthnologie "participante". En effet, Tristes tropiques est un livre que tout antillais se doit de lire et méditer...
S'en doutait-il ? En 1955, Claude Lévi-Strauss sortait l'ouvrage qui allait transformer à tout jamais notre conception occidentale de l'autre. Redonnant sa dignité aux sociétés indigènes du Brésil central par la nouvelle perception qu'il propose. Plus que jamais, ce message est d'actualité, au regard des difficultés et différences culturelles qui semblent opposer pas seulement les nations entre-elles, mais des voisins entre eux.
Lévi-Strauss présente sa recherche ethnologique selon
une théorie à partir de laquelle son terrain d’exploration a été réduit au seul rôle d’objet. Les questions qu'il a suscitées sont déterminées en vertu d’un intérêt propre à
l’homme de son époque, mais par extension, à l’homme de notre époque. D'un point de vue universitaire, le terrain ne peut répondre que dans les termes de la théorie et
dans les directions qui ont été prévues par Lévi-Strauss lui-même. Néanmoins, il existe une véritable légitimité issue de l'expérimentation elle-même. La leçon que nous pouvons tirer de
cette expérience d'observation participante, est qu'il ne faudrait pas dénigrer les cadres opérationnels. Ils peuvent paraître des électrons libres, mais sont les véritables porteurs de
lumières au sein d'une société sombre en quête de sens. Cependant, soyons vigilant. Si certains ethno méthodologues croient qu'il faudrait interpréter le droit des peuples comme un
modus vivendi, une manière de vivre s’accommodant du « naturel » (l’homme moderne, hyper technologique serait invité à se tourner vers cette éducation
traditionnelle afin d’être en harmonie avec lui-même). Il ne faut pas oublier qu'au delà du naturel, l'homme est spirituel et le "pays" dans lequel nous vivons est invité à être une nation
spirituelle - ou ne pas être. Aussi, le pragmatisme observé dans certains pays, et le désir des institutions françaises de s’en inspirer afin de l’appliquer, par exemple, dans le domaine de
l’éducation éveille notre attention. La tendance actuelle est de mettre l’université et le monde du travail en adéquation afin de mieux professionnaliser le monde académique. Selon
nous, une telle démarche doit comporter des correctifs car nous ne devons pas imposer une culture, mais la construire ensemble, et elle ne doit pas être dictée par
les exigences économiques de notre société moderner. Si les principes du « droit des peuples » ne sont que le résultat d'un modus vivendi, cela a pour effet d'en
limiter la portée universelle et donne à penser qu'ils doivent être subordonnés à des principes qui s'appliquent à des individus.
Coulon introduit ce que nous pourrons appeler un principe correcteur moral qui va au delà d’une théorie de la justice et d’un principe de tolérance. Pour lui, d’avantage qu’une théorie
constituée, il s’agira d’adopter une nouvelle posture (éthique) intellectuelle.
C’est dans ce sens que l’on peut établir une théorie mettant en présence le naturel et le culturel. Enfin, non pas comme une conclusion, mais comme un dépassement, nous désirons pointer du
doigt les chemins empruntables pour une définition de l’éducation au sein d’une société postmoderne hyper technologique face à la recherche individuelle et existentielle toujours croissante
de l’épanouissement personnel. Avec Levi-Strauss, nous sommes bien en présence de « chances » de chemins empruntables,
particulièrement dans nos sociétés des Antilles Françaises.