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Les Étapes du couple

23 Mars 2011 , Rédigé par Pasteur Christophe Deville Publié dans #Vie d'église

rubicub.gifDivorce et remariage... un sujet délicat qui nécessite une première approche sur la notion du couple. Le week-end du 14 au 16 février 2011, nous avons eu le plaisir d'organiser un séminaire avec Gérard Krieger sur le couple et la famille. Gérard Krieger est chargé de préparer les sessions au mariage au sein des Églises Protestantes Unies, dans l’Est de la France. Il Intervient en tant que thérapeute de couple.

Introduction.

La plage dominante des personnes qui viennent pour une médiation au regard de leur vie de couple se situe entre  40–45 ans. Néanmoins, les patients se situent dans toutes les tranches d’âges entre 25 et 80 ans. Par exemple, la construction d’une maison peut être un facteur de difficulté : on y projette sa vision de la vie. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, la vie personnelle débarque au travail et inversement : Le téléphone cellulaire professionnel sonne alors qu’on est chez soi… on consulte ses mails personnels au travail. La barrière entre vie professionnelle et vie personnelle devient donc floue. Aussi, la maison est une représentation symbolique du couple. Construire une maison peut être l’occasion de réfléchir à ses problématiques.

I La question de la durée du couple.

En effet, on pourrait se poser la question de savoir pourquoi faudrait-il que le couple dure, surtout au regard de la situation du XXIème siècle. Pourquoi est-il devenu si difficile de durer en couple, et que c’est devenu un véritable chalenge ? Les 50 dernières années ont vu plus d’évolutions que les 500 dernières années. Tant dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle. Les Antilles ne sont pas épargnées par ces chiffres. « La familles, c’est plus ce que c’était » ! Cette impression, on peut l’entendre assez aisément. La famille était pour des personnes qui se marient. Auparavant, la formation des couples était organisée. Il y avait des intérêts familiaux. Les couples ne se formaient pas avant le mariage. À présent, l’appréhension de la vie sociale et professionnelle interfère dans les choix personnels. Selon l’église catholique, l’indissolubilité du mariage a largement contribué à influer les modes de vie, jusqu’à récemment. Aujourd’hui encore, cette conception datant du IVème siècle modèle les pensées et l’organisation sociétale. Or, au XXème siècle (dès le XVIIIème avec le romantisme), va se développer ce qu’on va appeler « le mariage d’amour ». Le mot d’ordre est l’épanouissement individuel et de chacune des personnes. Avant, on se mariait parce que d’autres le voulait, et on apprenait à faire avec. Entre les deux guerres, la notion de mariage d’amour a pleinement pris son essor. En passant du mariage arrangé au mariage d’amour, de la contrainte sociale à la liberté de l’individu, c’est toute l’organisation sociétale qui a été confrontée à une fragilisation de la conjugalité, car on construit de la durée sur un sentiment. Or, un sentiment est volatile. Un sentiment, une sensation est donc volatile, sauf si on y ajoute d’autres éléments qui vont permettre de travailler à cette construction. Aujourd’hui, en France, 40% des mariages se soldent par un divorce (50% en Île-de-France). Plusieurs facteurs interviennent dans la vie de couple :

  • La mondialisation du travail demande de plus en plus de mobilité professionnelle,
  • La formation continue (toujours se recycler et changer),
  • Évolution des méthodes de travail,
  • La société de consommation dans laquelle nous sommes : La consommation est le moteur de l’économie marchande,
  • Mentalité du « Zapping ». cela fait évoluer notre façon de pensée,
  • Mentalité du jetable.

Une Publicité de Renault (2011) donnait ce slogan : « quittez votre ancienne voiture… pour une « jeune » » ! Cela formate les mentalités. Néanmoins, on ne peut pas non plus idéaliser les temps anciens. Ce qui met le couple en danger, c’est la survalorisation du sentiment amoureux comme moteur de la vie de couple (un havre de bonheur dans un monde dur). Le problème est que lorsque notre société parle d’amour, c’est toujours du coup de foudre. La difficulté se situe dans le fait de devoir se projeter dans la durée avec un projet à long terme. Notre société n’offre plus tellement d’horizons d’espérance.

La fête du mariage n’a plus la même signification qu’avant. Aujourd’hui, le mariage ne fonde plus le couple, il ne fonde plus la famille. Le mariage représente donc une autre signification : la volonté de durer dans un monde. L’allongement de l’espérance de vie conduit également à un questionnement existentiel.

En 1791 : un mariage avait un potentiel de durée moyen de 18 ans (grande mortalité et différence d’âge, or, en 2011 : un mariage a un potentiel de durée de 50 à 60 ans ! En 1791 Entre 8 et 11 enfants, dont 3 arrivaient à l’âge adulte. Cela occupe la famille ! En 2011, on s’embarque plus longtemps que pour perpétuité ! Dans ces 50 ans, on fait, en moyenne 3 enfants. Elever 3 enfants, en 50 ans, ça ne rempli pas une vie. Les questions existentielles vont donc se poser. Les enjeux ne sont donc pas les mêmes. D’où ce que les jeunes disent : ça fait peur ! De l’autre côté, c’est une chance de vivre cette qualité. C’est un grand challenge. Le nombre de divorce est donc exponentiel. Les conséquences sont multiples : familles monoparentales, perte du contact avec le père, etc. Ce manque d’image paternelle, de repère influe donc aussi sur l’appréciation du travail en général. Les familles recomposées ou (selon l’expression canadienne, « néo-composées ») les « quasi-frères » et « quasi-sœurs ».

II Qu’est ce qu’un couple ?

C’est le plus petit groupe social observable. Il fonctionne en interaction inévitable et permanente. Les paroles et les absences de paroles sont significatives ! Ne pas se parler est une autre forme de communication. On ne peut pas communiquer. Deuxième remarque : comme un groupe est un groupe : c’est un organisme vivant, évolutif, donc : en devenir.

Quand on s’installe en couple, on ne peut pas dire « être » en couple. Le couple est un organisme évolutif ; en perpétuel mouvement et devenir. Il y a beaucoup de couples qui vivent ensemble, et dès qu’ils se marient, ils se séparent. Une des hypothèses est que lorsqu’on se met en couple, on a tendance à s’installer, alors que c’est un organisme en devenir. Comme tout organisme vivant qui s’inscrit dans la durée, il traverse des périodes de vie et passe inévitablement par des crises de croissance. Une crise est l’amorce d’un événement, un changement qui s’impose. Ce sont des crises de croissance. Nous pouvons définir 5 étapes de l’existence du couple.

Étape 1 : La Naissance du couple.

Au début se situe : LA RENCONTRE. Comment cette rencontre c’est-elle faite ? Il existe deux grandes voies :

  • Le coup de foudre (Le coup de foudre n’est pas forcément réciproque),
  • La relation amicale progressive.

Souvent, la rencontre entre un homme et une femme ne se fait pas sur le même registre. La perception est parfois différente. Ce qui attire un homme vers les femmes, c’est souvent le physique. Pour les femmes, ce n’est pas forcément le physique qui est évoqué en premier. Le rire allège aussi le poids de la vie. L’attirance se fait sous deux modes.

Le proverbe populaire : « ce qui se ressemble s’assemble », donne des détails sur la construction du couple. Mais il existe un autre proverbe populaire qui dit exactement l’inverse : « les contraires s’attirent ». C’est également vrai. Dans tous les couples, il existe des pôles : L’ordre et le désordre, casanier et sociable, dépensier et économe, Rigueur et fantaisie, laxisme et fermeté. Les polarités d’opposition semblent être plus nombreuses que les affinités de similitude. Ces polarités peuvent aussi représenter des complémentarités. À la naissance du couple : « on est tombé amoureux d’une image » et on pense qu’en s’alliant avec une autre personne qu’on va devenir 1 (1+1 =1). Woody Allen « s’aimer, c’est devenir 1… oui mais lequel » ?

Étape 2 : l’enfance du couple

L’état amoureux se caractérise par une particularité nécessaire : la personne dont on tombe amoureux, idéalisation de l’autre. Situation artificielle de l’idéalisation de l’autre. Cela fonde le démarrage du couple. C’est une phase mythique. Idéalisation du partenaire. Le dialogue n’est pas un maitre mot. Le rapport est complètement faussé. « Amour, rime avec toujours ». On se comprend à demi mot. C’est un Phase passionnelle. S’engager intimement avec un « inconnu », il faut des artifices et être un peu inconscient. Ça fonde les bases.

Étape 3 : l’adolescence du couple.

C’est la situation où on sort du sentiment amoureux. Chacun retourne à certaines occupations dont l’autre n’a pas la préoccupation. L’image du « prince charmant » s’effrite. Le 1+1=1 va s’estomper au profit d’autre chose. De là, découle plusieurs déductions : deux alternatives :

1/ ce n’est pas le bon : j’arrête la relation. Certaines personnes n’arrivent pas à faire le travail de deuil de l’image et renoncer à l’idéalisation. Certaines personnes vont donc chercher une autre relation. De la capacité à faire le deuil de cette idéalisation, le couple se construira… ou pas.

2/ Ici, il est question du dialogue. Il existe une difficulté du dialogue. Pour l’homme, tant qu’il n’y a pas de problème, il n’y pas besoin de dialogue. Pour l’homme, la parole est fonctionnelle, pour la femme, la fonction de la parole est relationnelle. La parole est relationnelle. 1+1=2, cela ne s’arrête pas là ! 1+1=3, il y a le JE, le TU et le NOUS. Il est des moments ou on est proche, d’autres moments où on est éloigné.

Étapes 4 : la phase adulte du couple.

La construction d’une maison peut révéler un problème. On y projette un idéal de vie. Cela peut permettre le couple à murir dans sa capacité de négocier. La concrétisation de l’espace de vie de chacun. L’autre phase, c’et la décision de mettre un enfant au monde. C’est un enfant désiré. Il faut prendre le risque de déséquilibrer le système qui a pu être mis en place. Un nouvel être vivant, qui dans un premier temps est dans le corps de la femme. Elle doit porter une nouvelle identité : être mère, ce n’est pas être femme. En étant mère, elle développe une relation hyper intime. Une grande quantité de l’attention, de l’énergie etc. L’homme se questionne sur sa place dans cette construction. Une crise existentielle surgit chez lui. Cependant, rien ne se passe dans son corps. L’homme peut faire une crise plus ou moins grande. On développe l’haptonomie : « le juste touché » ; avec le corps de la mère, mais aussi avec celui du bébé. Le père joue le rôle de tiers séparateur. Ainsi elle peut redevenir femme et partenaire. Les femmes ne peuvent pas y arriver toutes seules. La mère ne s’occupe pas de l’enfant comme le père. Il peut arriver qu’elle lui demande de s’engager mais il devra expliciter sa façon de faire : « je suis un homme et je prends soin de NOTRE enfant en tant qu’homme ».

Étape 5 : le stade de la vieillesse du couple.

Les relations affectives prioritaires ne sont pas toujours à la bonne place. L’adolescence des enfants joue un rôle important dans l’appréhension du couple. L’histoire éducative de chacun des parents porte son lot tribal de visions du monde. Les adolescents sont passés experts pour monter les parents les uns contre les autres. L’adolescence c’est aussi l’éveil de la sexualité. Le conseil de famille. Surgit aussi le syndrome du nid vide. C’est une période importante pour le couple. C’est une période à haut risque. Il y a un travail de deuil à faire. Généralement, le dernier enfant rencontre une difficulté à partir, car inconsciemment, il désire préserver son ou ses parents de la tristesse ou de la dépression. L’homme est tenté, vers 55 ans à fuir sa réalité en trouvant une autre femme plus jeune.

 

CONCLUSION

Dans les sondages, quand on pose la question de savoir ce qui compte le plus, dans 80 % des cas, on répond « la famille » (avant, en 1970, on répondait : « le travail », « la carrière ») ou toutes les « histoires » de la vie commune (l’école, la santé). Aussi, cela peut durer « un temps ». En conclusion, nous avons vu qu’il existe de nombreuses occasions de crasher son couple. La mort du couple survient soit  lorsqu’il y a le décès de l’un des membres du couple. C’est un deuil. La mort du couple peut aussi survenir par un divorce ou une séparation. S’il y a des enfants, il demeure une certaine relation vis à vis des enfants. Ce qui n’est pas si évident. Néanmoins, au delà de toutes ces difficultés et ce parcours du combattant, sachons nous attacher à cette promesse de Dieu qui affirme être présent et nous encourage a avancer avec cette parole :

« Et si quelqu’un est plus fort qu’un seul, les deux peuvent lui résister;

et la corde à trois fils ne se rompt pas facilement ».

Écclésiaste  4:12

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