Être « géometreux ».
Athènes, dans l’Antiquité, est une ville toute particulière en matière de lieux abritant toutes sortes d’activités et de manifestations. On y trouve l’Ecclesia : lieu où se rencontrent les hommes et les femmes libres qui prennent des décisions pour la vie de la Cité. Ce terme est intéressant, car Jésus le reprendra pour désigner le lieu de rassemblement des fidèles (Église).
Nous avons l’Agora qui débouche sur les représentations de la Tragédie grecque (qui comprend aussi l’Orchestra et l’autel des sacrifices), mais il y a aussi d’autres bâtiments consacrés à l’instruction, comme l’Academia (l’Academie). Sur sa devanture, on y trouve une inscription intéressante. On prête à Platon la célébre phrase qui y est apposée : « nul n’entre ici s’il n’est géomètre ». Cependant, la phrase exacte en grec est « Αγεωμετρητος μηδεις εισιτω et pas Αγεωμετρος μηδεις εισιτω » ! Il y a une grande différence ! Penchons-nous sur l’expression qu'on attribue à Platon et qu'on a traduit par « nul n'entre ici s'il n'est géomètre ».
Certains ont pensé que Platon disait qu'il fallait avoir un diplôme ou une compétence reconnue pour accomplir telle œuvre ou faire telle activité. Mais le texte est beaucoup plus raffiné et subtile. Le sens de la phrase de Platon doit être lu ainsi "nul n'entre ici s'il n'est "géométreux". C'est bien différent. Cela désigne quelqu'un qui peut être débutant et inexpérimenté, mais qui est disponible, consacré, volontaire : qui a pleinement sa place pour progresser dans un domaine particulier. Cela ne dépend nullement du diplôme. En revanche, certains se croient diplômés et arrivés. Ils sont « inenseignables ». On ne peut rien faire avec eux, imbus de leur personne et du verni de leur connaissance.
l’Apôtre Paul a été conduit par Dieu à Athènes au travers d’un songe, alors qu’il avait tenté à deux reprises de se rendre à Éphèse, troisième ville de l’empire romain à l’époque (Le Saint-Esprit l’en y empêcha). Dieu voulait le confronter à ses propres tares et limitations et Paul s’est essayé à vouloir convaincre philosophiquement les Athéniens (Actes 17). Le livre des Actes témoigne de cet échec qui poussa l’Apôtre à reconsidérer son approche. C’est ainsi qu’il pourra dire aux corinthiens, quelques années plus tard qu’il n’etait pas venu avec la sagesse du langage mais avec une démonstration de puissance d’Esprit et de puissance. Pour ce faire, nous avons donc besoin de nous laisser modeler par Dieu qui accomplit en nous non seulement le vouloir, mais aussi le faire.