Point de rupture
Dans la vie, certains moments sont marqués par des événements qui dépassent notre capacité à les supporter. Nous ne connaissons pas toujours nos limites, mais notre capacité à encaisser les épreuves peut nous conduire à un point ou plus rien n'a d'importance. Au delà de la "désespérance", nos actes et actions peuvent alors dépasser la limite, dans un sens, comme dans l'autre.
Certaines étapes de ce processus sont identifiables. 3 étapes peuvent présenter ce que j'appelle "le Triptyque de la désespérance". J’emprunte ce terme de désespérance au théologien Danois Søren Kierkegaard (la maladie à la mort).
1/ le point de Reconnaissance ou de "Recognition".
Recognition, car en effet, il ne s'agit pas seulement de reconnaître cette situation, mais d'en prendre conscience.
Les épreuves de la vie nous conduisent parfois à un questionnement existentiel qui nous mène à un état de mal-être. Cet état va se manifester par une sensation d'oppression, de crainte contre laquelle nous pensons être impuissants. On prend conscience alors qu’il n’y a pas d’issue possible. Cela peut concerner une impasse sentimentale, une dette financière, ou une promotion professionnelle pour laquelle on sait qu’avec toutes les années qu’on s’est donné pour obtenir ce but : on y parviendra pas. Pendant quelque temps encore, on tiendra tant bien que mal... jusqu’à ce que le verdict tombe.
2/ le point de rupture.
Le point de rupture est atteint dès qu’un des marqueurs apparaît de façon claire à notre esprit. Le château de cartes s'écroule ! Jusqu’alors, on savait bien qu’il n’y avait plus d’espoir, mais l’espérance pouvait encore, de façon irrationnelle, peut-être, nous faire penser qu’une main providentielle pourrait se manifester dans cette situation. Là, l’expérience de l’échec est manifesté. Douloureux, présent et pesant : rien n’a plus d’importance. Ce pourquoi on luttait depuis tellement de temps s’est définitivement envolé. Nous avons atteint le point de rupture. Cela peut être individuel, mais aussi collectif, à partir du moment où une proportion d’une population se rend compte de l’oppression dont elle est la victime.
3/ Situation de « Hors contrôle ».
« Je n’ai plus rien à craindre », je n’ai plus peur de rien : ni de la répression, ni de la prison, ni même pas de la mort ! Ma parole est libre et mes actions « libérées ». De là, je suis en mesure de prendre des risques démesurés. Camper sur une place publique pour clamer mon INDIGNATION. À l'extrême, certains perdent le contrôle et rédigent ce qu’on appelle une « HIT LIST ». Il s’agit de la liste des personnes que nous disons responsables de cette situation et que nous voulons littéralement supprimer. Les journaux sont remplis de faits divers qui relatent ces drames que celui qui n’a pas connu ce point de rupture ne comprend pas.
x/ Quelle issue possible ?
J’invite toutes celles et ceux qui conçoivent (dans leur tête, dans leur coeur ou par écrit) leur HIT LIST, à la remplacer par une « HELP LIST ». La HELP LIST peut tout autant être une liste des personnes qui peuvent aider, qu’une liste de personnes à aider. Au lieu de se plaindre à gauche et à droite, et d’aggraver son cas en suscitant de la médisance de la part de ceux qui ne peuvent ou ne veulent rien faire : choisissez soigneusement la liste de 4 ou 5 personnes qui, dans votre cœur, seront prêt à faire quelque chose. De l’autre côté, composer une liste de 4 ou 5 personnes pour qui vous allez vous engager à faire quelque chose. À vous de voir ce que vous pouvez faire, et veillez à discerner que le besoin de la personne soit exprimé.
J’attends vos témoignages pour dire quels auront été les effets de ces décisions...